Synopsis
Le film est structuré en deux grandes parties de durées inégales.
Dès l’introduction, un narrateur explique que le protagoniste est atteint d’un cancer de l’estomac, une maladie alors incurable. Il s’agit de Kanji Watanabe, un fonctionnaire veuf en fin de carrière, responsable du service municipal des Affaires publiques dans un arrondissement de Tokyo. Sa fonction se résume à écrire ou tamponner des formulaires, sans la moindre utilité concrète, et il a abandonné depuis longtemps toute initiative. Un jour, un comité de mères de famille vient déposer une requête auprès du service des Affaires publiques concernant un problème d’eau polluée sur un terrain vague où vont jouer leurs enfants, mettant leur santé en danger ; elles demandent que la zone soit assainie, et suggèrent que celle-ci serait idéale pour la construction d’un parc de jeux. Mais M. Watanabe ne prend même pas la peine d’étudier leur requête, par habitude de la lourdeur de toute démarche au sein de l’administration, et rechignant à s’impliquer davantage en prenant une quelconque responsabilité. Les mères sont donc renvoyées au bureau des Travaux publics, où on les renvoie pareillement au bureau des Parcs, puis à la Santé publique, puis à la Planification urbaine, puis à l’Instruction publique, et ainsi de suite… chaque service s’avérant tout aussi inefficace et évasif, cherchant à se décharger sur les autres services. À force de persévérance, elles parviennent tout de même à obtenir une entrevue avec le maire adjoint d’arrondissement, qui feint de s’intéresser à leur plainte, mais il ne fait que les renvoyer vers la section des Affaires publiques, où le circuit recommence à l’identique… Excédées, elles se mettent à fulminer contre ces « tueurs de temps » que sont les fonctionnaires municipaux, et s’en vont. Un employé leur indique alors que le chef de section est absent, et leur suggère de formuler leur requête par écrit.
Lorsque M. Watanabe se rend dans un hôpital en raison de maux de ventre persistants, un patient se trouvant aussi dans la salle d’attente lui décrit de façon très détaillée les symptômes du cancer de l’estomac, ainsi que le type de discours que tiennent les médecins aux personnes atteintes de cette maladie équivalant à un « arrêt de mort », afin de leur cacher la vérité. Or il reconnaît précisément ses propres symptômes, et par la suite le discours du médecin correspond presque au mot près à ce qui vient d’être décrit : le déni de la gravité de sa condition est maintenu en dépit de ses supplications réitérées pour connaître la vérité, et plus le médecin se veut rassurant, plus son patient s’enfonce dans le désespoir, se sachant condamné. Après son départ, le médecin confirme à ses assistants qu’il ne reste à ce patient que six mois à vivre tout au plus. De retour chez lui, M. Watanabe est bouleversé ; la prise de conscience de sa mort prochaine lui fait réaliser l’inanité de la vie qu’il a menée et l’inutilité totale de son travail. De surcroît, il surprend par hasard son fils Mitsuo et sa belle-fille en train de parler de ses économies « qu’il ne pourra emporter dans sa tombe », ce qui accentue encore son désespoir. Alors qu’il n’a jamais pris le moindre congé depuis 30 ans (« non parce qu’il est indispensable mais pour que l’on ne s’aperçoive pas qu’il ne sert à rien », selon les termes d’une histoire drôle lue un jour par Mlle Odagiri, une jeune employée de son service, et dans laquelle il s’est reconnu sans oser se l’avouer à ce moment-là), il abandonne son poste et décide de faire une fugue, emportant une partie de ses économies, sans en aviser personne. Il se met à boire dans les bars, conduite relevant moins de la débauche que de l’auto-punition, voire du suicide étant donné sa condition. C’est là qu’il rencontre un écrivain, lequel est impressionné par sa grandeur d’âme découverte dans l’expérience de la souffrance et la conscience aigüe de sa finitude. M. Watanabe le sollicite afin qu’il l’initie aux plaisirs de la vie nocturne. Il rencontre alors une galerie de personnages hauts en couleur, mais ne parvient pas à véritablement se divertir, et encore moins à satisfaire sa quête de sens. Dans un cabaret, alors qu’un pianiste demande à l’assistance une suggestion pour la prochaine chanson, M. Watanabe demande timidement Gondola no uta (en), une chanson des années 1910 qui lui rappelle sa jeunesse, et évoquant la brièveté de la vie, qu’il fredonne ensuite avec ferveur, irradiant l’assistance de l’intensité de sa souffrance…
Titre original | 生きる Ikiru |
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Réalisation | Akira Kurosawa |
Scénario | Shinobu Hashimoto Akira Kurosawa Hideo Oguni |
Musique | Fumio Hayasaka |
Acteurs principaux |
Takashi Shimura |
Sociétés de production | Tōhō |
Pays de production | Japon |
Genre | drame |
Durée | 143 minutes |
Sortie | 1952 |