Synopsis
À l’époque des cours du Nord et du Sud, guerre, meurtres et famines se succèdent. Alors que les hommes ont été pris par la guerre qui fait rage, deux femmes, belle-mère et belle-fille, survivent dans une petite hutte, dans une plaine recouverte de haute herbes. Elles survivent difficilement en traquant les samouraïs blessés pour les achever et vendre leurs effets au marché noir, dirigé par un vieil homme lubrique du nom d’Ushi. Expertes dans ce jeu de massacre elles jettent les dépouilles de leurs victimes dans un trou dont les toutes premières images du film nous disent qu’il est « profond et noir » (fukaku kurai ana), véritable bouche de l’enfer cachée par les hautes herbes.
Vivant dans l’attente du retour de leur fils et mari, les femmes perdent tout espoir lorsque Hashi, un voisin, revient des batailles et annonce que celui-ci est tombé au combat. L’homme va faire des avances de plus en plus pressantes à la jeune femme qui, contre les avertissements de sa belle-mère, finit par lui céder. Chaque nuit, quand la vieille dort, la bru court à corps perdu dans les herbes retrouver son amant: sa course effrénée dans les hautes herbes exprime un désir de plus en plus puissant. La vieille, outrée que son fils puisse être si facilement oublié, jalouse du désir de l’homme, craignant aussi de perdre une aide sans laquelle elle ne pourrait survivre, va tout tenter pour séparer les amants, jusqu’à se transformer en véritable démon, comme le dit le titre du film : La vieille baba démon oni.
Pour convaincre sa bru de ne plus voir l’homme, elle, pourtant si peu loquace (le réalisateur est aussi l’auteur de l’Île nue, film qui avait surpris la critique et a marqué l’histoire du cinéma par son absence totale de dialogues), élabore un discours sur les enfers et les tourments infligés à ceux qui se laissent posséder par leurs passions, et tout particulièrement par la passion amoureuse. La réponse que tentent les amants, et le réalisateur semble-t-il, est au contraire une exaltation du désir et de ses plaisirs.
Un soir, apparaît soudain un démon Oni, en réalité un samurai de haut rang ayant perdu tous ses hommes à la guerre et portant un masque de Nô pour dissimuler son visage, le masque de Hannya, que l’on associe généralement à un esprit féminin jaloux ou courroucé. Pour la vieille femme, qui ne s’en laisse pas conter, il s’agit d’une sorte de monstre kaibutsu (n’a-t-il pas des centaines de morts sur la conscience ?) qu’il s’agit de maîtriser. Elle s’arrange pour le faire tomber dans le fameux trou, dans lequel elle descend ensuite avec une corde, pour fouiller le cadavre au milieu de nombreux ossements humains. Elle lui enlève, avec de grandes difficultés, son masque : le visage est hideux (vérole ?, lèpre ?). Elle s’empare de ses vêtements, qu’elle va revendre comme d’habitude, mais l’on comprend qu’elle garde le masque pour effrayer sa bru.
Suivent en effet trois apparitions du démon à chaque fois que la jeune fille essaie de rejoindre son amant. Le spectateur comprend qu’il s’agit de la belle-mère déguisée à la couleur des cheveux (elle a une mèche blanche). Lors de la troisième apparition, la fille est sauvée par l’homme, venu à sa rencontre dans l’orage. « Il n’y a ni dieux ni bouddha en ce monde » affirme-t-il, seule la réalité du désir et de son assouvissement…
Titre original | 鬼婆 |
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Réalisation | Kaneto Shindō |
Scénario | Kaneto Shindō |
Musique | Hikaru Hayashi |
Acteurs principaux |
Nobuko Otowa |
Sociétés de production | Kindai Eiga Kyokai Tōkyō Eiga Haikyū |
Pays de production | ![]() |
Genre | Drame |
Durée | 103 minutes |
Sortie | 1964 |